L'apéro à 8 ou 10... milliers
Le Beaujolais en novembre, la St Patrick en mars, avant il n'y avait que deux occasions légitimes pour picoler dans la rue à petit prix. En 2010, c'est partout et tout le temps.
Facebook c'est le mal. Internet c'est le mal. Ils sont les partenaires de la débauche et de l'alcoolisme de vos enfants.
Voilà en substance l'interprétation faite par les services publics et les préfets de ce qui va être la mode estivale 2010 :
L'apéro géant organisé par l'intermédiaire de Facebook.
J'ai du mal à croire que ces rassemblements à 10 000 ou 20 000 personnes posent des problèmes aux préfets et aux autorités pour la seule raison de la sécurité. Autant de monde dans un espace réduit, ça a de quoi faire flipper quelques-uns dans leur palais parisiens...
On ne peut pas le contester, ce genre d'évènements va forcément poser des problèmes de sécurité, il y aura des morts en lien relatif avec "l'apéro" de près ou de loin (il vient d'en avoir un à Nantes d'ailleurs), il y aura tout un tas de blessés, des dégradations, inhérentes à tout rassemblement important de personnes dans un espace public pas forcément fait pour ça. C'est statistique, et encore 1 mort pour une réunion de 10 000 personnes autour de bouteilles d'alcool au moins aussi nombreuses, c'est pas cher payé, si l'on enlève bien sûr les futurs cancéreux du foie ou de tout autre organse dû à l'excès d'alcool, mais pour ça y'a pas besoin de Facebook, leurs mines hebdomadaires suffisent ; pas besoin d'être au milieu de 9 999 personnes pour s'assurer une fin de soirée en mode éthylique.
Et c'est peut-être plutôt là qu'il faut se poser des questions : les jeunes picolent, c'est un fait. En groupe toujours, seuls, presque jamais. Alors imaginez un groupe de 10 000 personnes, putain mais c'est génial on peut encore plus se torcher la gueule, c'est organisé, fait pour ça, aucune autre raison d'être là, relativement sécurisé, tout le monde est là pour ça, légitime et donc... normal.
Il devient normal de se torcher la gueule ensemble.
Alors je dis torcher la gueule pour les plus extrêmes évidemment. La plupart ne viennent que pour boire un verre ou deux (ou cinq), sous l'effet de mode de ces évènements, ce sont les 1ers en ce moment dans un peu toutes les villes de France. Quand les modérés auront vu qu'en fait ça sert pas à grand chose, il ne reviendront plus, les apéros ne sont que des grands flash mob d'un nouveau genre. Des flash mob 2010.
En 2008, on se freezait, en 2009 on se chorégraphiait, en 2010 on picole. Moins exigeant niveau organisationnel et l'assurance d'avoir un max de monde. Facile.
La facilité est la 1ère raison de ces rassemblements, c'est même la raison de l'effet de mode. Mais d'où peut venir ce besoin primitif de... boire.
Avançons de 4 heures dans la soirée, après 3 bières, 2 verres de Malibu-Ananas et 3 Vodka-pomme. Etat des lieux :
- Tu es bourré.
- Tu n'as plus aucune gêne de passer pour un con.
- Tu dis beaucoup de conneries
- Tes potes trouvent tes conneries très drôles parce qu'ils sont bourrés aussi.
- Tu es pris d'une envie de parler aux gens que tu ne connais pas (processus de découverte vers l'inconnu)
- Dans l'idéal les gens du sexe opposé (processus de drague avec perspective de non-rentrage à l'appart sur la béquille)
- Les personnes en face, aussi imbibées que toi sont open.
- Ca marche, dans le pire des cas tu te fais de nouveaux potes de bitures avec qui tu continues à picoler.
- Ca marche et dans le meilleur des cas, tu te fais un nouveau partenaire sexuel éphémère ou pas.
- Le lendemain, tu ne te rappelles de plus grand chose et ça ne te dérange pas plus que ça, Doliprane est ton ami.
C'est même mieux : tu as passé une bonne soirée ; tu as fait des choses inhabituelles ; tu as rencontré des nouvelles personnes que sobre tu n'aurais même pas regardé, tu as niqué aussi peut-être, facilement en plus ; et tu ne te rappelles plus de grand chose. Le Top !
En gros, ta vie est tellement nulle que tu es obligé de te prendre des murges de temps en temps pour oublier et vivre des trucs agréables ou exceptionnels. Et l'alcool serait le seul moyen pour ça ?
Effrayant non ? Révélateur surtout.
Il y a peut-être quelque chose à creuser sous cette idée qui n'est pas neuve mais qui prend en 2010 une ampleur bien plus importante à tel point que ça commence à faire flipper les "autorités". La réponse à apporter n'est surement pas dans l'interdiction pure et simple comme la plupart des préfets s'obstinent à le faire.