Télévision = marée noire
Sans déconner, c'est affligeant. Bon, je le savais déjà que quasiment tout ce qui passe à la télé (à part "How I met you mother", ah bah non, je les regarde en VO et streaming sur Internet) était globalement particulièrement moisi mais pas sur Canal + quoi. Ou alors pas autant.
Non, sérieusement, ce soir Le Grand Journal, le débat sur l'effet du web sur les relations sentimentales/sexuelles/amoureuses (rayez les mentions inutiles) s'est transformé en une marée noire assez dégueulasse : en surface, tout en surface et on reste bien collé, accroché aux rochers des idées reçues, le tout bercé par des vagues de blagues aussi lourdes que Mouloud en personne, l'écume au coin des lèvres.
Pourquoi je parle de cette émission ? Tout simplement car était présente, une des blogueuses "modèle du genre", du genre racontage de life, sans tabous, la vie, la vraie vie de maintenant, enfin surtout à Paris, les moeurs grenobloises sont encore, malheureusement, pas aussi avancées et tolérantes. La blogueuse en question, dont j'ai déjà parlé au sujet de Twitter, c'est la jolie Marion et son monde tranquille.
Bon, quand je dis que j'ai vu l'émission, je mens un peu, j'étais au bad, et en revenant, j'ai vu sa prestation grâce à cette vidéo que je vous invite à visionner.
Vous aurez remarqué que Marion a assez peu eu la parole, vu le niveau du débat, je la comprends qu'elle n'ait pas voulu trop l'ouvrir. A sa décharge, elle n'a pas beaucoup été aidée par le sociologue (des deux invités, le vrai sociologue n'était peut-être pas celui qu'on nous a vendu). C'est dommage car le mec est plutôt reconnu à la base et son bouquin est peut-être très intéressant mais il n'a rien pu faire de plus que de répondre aux questions niaises d'Ali Badou. Triste. Les mecs découvrent des évidences, s'en extasient, les analysent à coup de truelle et le tout passe à la télé à 19h30.
La séquence finit par l'observation, ô combien précieuse, que les préjugés machistes existent toujours, merde alors, il fallait une émission pour l'apprendre ?
Voilà, déjà L'Edition Spéciale à midi me gonfle de plus en plus avec du journalisme de scoop, là, on s'est encore bien vautré dans les idées reçues ce soir, non franchement, ma télé va bientôt mourir (dans tous le sens du terme ?) et je crois que je n'en rachèterai pas.
Ca me fait penser un peu à un article de Merome d'ailleurs (je crois que c'est celui-ci, salaud Merome, tu pourrais mieux le ranger ton bordel :-) ) où le parallèle peut se faire entre les ministres et les journalistes. L'idée est que les ministres sont assignés à des postes où la plupart du temps, ils ne connaissent rien au fond du problème, ils sont là pour leur talent de politicien, de diplomate, avec en qualités dans leur bagage, le charisme et une belle gueule alors que les vrais professionnels des métiers, eux, savent, eux connaissent leur sujet, les failles de telles méthodes, les avantages de certains plans d'action. C'est un peu pareil pour le journalisme, ils sont là car ils savent écrire Français (qualité qui devient rare... y compris chez les journalistes, c'est le comble !), ils ont fait des études pour rapporter l'information, ce sont des rapporteurs, ils essaient de vendre du rêve à des gens qui n'y connaissent rien aux sujets traités non plus. En gros, les journalistes de télévision sont des incultes qui transmettent des connaissances qu'ils n'ont pas à d'autres incultes tout-court, à grand renfort de stratégies de communication rôdées, testées et approuvées. Parfois, quand vraiment ils sont largués sur un sujet, ils appellent en renfort des "experts", des gens du métier, qui connaissent le domaine, et leur font dire juste ce qu'il faut pour ne pas froisser les ménagères de moins de 50 ans et les millions de beaufs (ou de boeufs ?) qui peuplent la France. Et ça marche, merci le petit écran.
Pour revenir au débat initial sur les "nouveaux" modes de mises en relation des hommes et des femmes à l'heure de l'Internet, on va dire que je joue petit bras mais je crains d'avoir raison sur ce point : le sujet du débat est biaisé d'entrée (oui j'ai bien mis un i). Le virtuel n'existe pas, Internet, c'est le réel aussi. C'est même pas un miroir, surement pas un exutoire (je devrais vraiment faire du slam).
Internet c'est la place publique, Twitter c'est une table de bistrot géante, les forums sont une forme de tables rondes, de conférences, voire de salles de classe dans certains cas, les blogs sont des scènes où les orateurs écrivent ou dessinent au lieu de parler, Foursquare c'est mon carnet d'adresse pour des sorties, Chatroulette c'est un bal masqué -ou pas- ou une piste de danse, Facebook c'est mon appart avec mes photos accrochées aux murs, des flyers qui trainent sous la table, des discussions grivoises autour d'une bière et 3 caleçons sales qui trainent sous le lit...
Il n'y a pas de profil type sérieux de l'internaute, pas plus qu'il y a de profil type sérieux de la nana, de l'éboueur, du conducteur de tram, de la pute (non j'vous jure, n'allez pas croire qu'elles ont toutes 17 ans, des seins aussi énormes que leur cul est petit et qu'elles se font 20 K€/mois), du connard, du vieux. Marion le dit très bien, il y a plein de petites déclinaisons différentes, que ce soit au sujet des personnes ou des relations tissées entre ces personnes, autant qu'il y a de personnes en fait.
Internet, c'est tout le monde, c'est partout et tout le temps en 2010.
Faut vous y faire les gars... parce que c'est pas prêt de finir.
Et merde tiens, toujours pas parler de Jeanne Cherhal moi.
A lire aussi l'article sur le sujet de Gaëlle-Marie Zimmermann (La Peste) sur Zone Zero Gene.